


"Le ciel, au-dessus de moi, d’un gris sale et sombre, déversait un torrent d’eau glacée qui s’abattait sur la route tel un mur liquide m’empêchant presque de voir le nez de ma voiture.
Les phares de cette-dernière, faisceaux de lumière vacillants, avaient du mal à percer la brume presque opaque, parvenant seulement à lancer deux petits points de lumière jaune à travers le rideau de pluie noire.
Les essuie-glaces, dans un mouvement continuel et désespéré, semblaient danser une étrange sarabande, luttant contre les flots ruisselant sur le pare-brise… de temps en temps, ils offraient un peu de visibilité avant d’être à nouveau submergés par la pluie ininterrompue.
Surpris par un virage que je ne vis qu’au dernier moment, une courbe très serrée dont j’avais oublié l’existence, j’eus le réflexe, sans doute stupide, d’appuyer de tout mon poids sur le frein. Le crissement des pneus, strident comme une craie neuve sur un tableau d’école, déchira le silence et résonna dans la nuit sombre comme le fond d’un puits… jusqu’à disparaître dans un fracas assourdissant lorsque la carrosserie du véhicule se tordit en s’écrasant violemment contre la rangée d’érables longeant la route. La vitre et le pare-brise volèrent en éclats, une pluie d’éclats tranchants comme des rasoirs. Le hurlement du métal broyé, le bruit du verre qui se brise… et l’odeur d’essence qui, rapidement, vint tout recouvrir… le goût du sang dans ma bouche aussi… tout cela, je ne l’oublierai jamais.
Comme sortant d’un cauchemar, je réalisai soudain le chaos autour de moi. Tout avait été tellement vite… mais à l’instant où je posai les yeux sur la route devant moi, réalisant qu’un silence sans faille, telle une chappe de béton, m’engloutissait, je pensai à Sophie.
Difficilement, je parvins à me retourner, mais le siège arrière était vide… elle n’était plus là !
Derrière le siège passager, j’aperçus une de ses chaussures. Je tendis le bras et parvint à l’attraper.
Terrifié, je regardai tout autour et, soudain, à quelques mètres devant moi, étendue sur le bitume noir, je vis une petite forme, figée dans une étrange posture."
(Après l'aurore, quand le jour viendra..., pages 35/36)
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